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Sénégal: Alioune Badara Bèye – Un écrivain prolifique

Dakar — Le président de l’Association des écrivains du Sénégal (AES), décédé dimanche, à l’âge de 79 ans, après une carrière de plus de 50 ans, passe pour un écrivain prolifique qui laisse à la postérité de nombreux ouvrages de tous genres.

Rappelé à Dieu à l’âge de soixante-dix-neuf ans, Alioune Badara Bèye sera inhumé ce lundi au cimetière musulman de Yoff.

L’écrivain a célébré en septembre 2022 ses cinquante ans de carrière. A la fois romancier, poète, dramaturge, on lui doit des pièces de théâtre historiques mettant en vedette les héros de l’histoire du Sénégal.

Dans sa riche bibliographie d’une dizaine d’ouvrages qui abordent, entre autres, des thèmes liés à l’histoire, à la société et à la condition humaine, figurent beaucoup de pièces de théâtre mettant en scène l’histoire du Sénégal du 19ème au début du 20ème siècle. Certaines parmi elles ont été interprétées au théâtre national Daniel Sorano par de grands comédiens, dont Oumar Seck, Awa Sène Sarr, Ismaël Cissé et capturées pour la télévision nationale (RTS).

Il s’agit de “Le sacre du cedo” (1982) primé au concours théâtral interafricain organisé par Radio France Internationale dans les années 1970, de »Nder en flammes » (1988), de “Maba, laisse le Sine” (1987), et de “Dialawali, terre de feu” (1980).

Alioune Badara Bèye est aussi l’auteur de pièces de théâtre éminemment politique avec “Demain, la fin du monde : un avertissement à tous les dictateurs du monde” (1993) et “Les larmes de la patrie” (2003). Il a aussi écrit le roman “Raki : fille lumière” en 2004. Cet ouvrage, qui a lancé sa carrière littéraire, est selon lui, sa production la plus vendue, avec un total de trois tirages.

Bèye a aussi publié un recueil de poèmes intitulé “Les bourgeons de l’espoir” en 2005. “J’ai commencé comme tout le monde par la poésie, comme tout Sénégalais. Tout le monde est poète”, raconte. Il a rappelé que le déclic a eu lieu pour lui grâce à l’émission “+Langage du folklore+ animée par le doyen Majip Sène à la Chaîne inter”, entre 1968 et 1969.

“Je lui ai envoyé une évocation poétique qui s’appelait +Calmé+ et il m’a contacté. J’étais à la brigade maritime de Foudioungne. Il m’a dit : +Il faut que tu viennes, vous avez laissé entre mes mains un trésor. Il en a fait une belle réalisation qui a gagné un disque d’or au Cirtef”, raconte-t-il dans une vidéo publiée par la place du Souvenir africain.

Son ouvrage “De l’uniforme à la plume”, publié en 2008 chez l’éditeur français Michel Lafon, édifie sur le parcours “atypique” du directeur général de la maison d’édition “Maguilen”. Celle-ci a été créée en 1990 et baptisée du nom de Philippe Maguilen Senghor. Le choix de ce nom traduit un hommage au fils de Léopold Sedar Senghor, poète et premier président sénégalais, décédé dans un accident à Dakar.

Alioune Badara Bèye, né le 28 septembre 1945, à Saint-Louis, fut haut fonctionnaire de l’Etat du Sénégal. Dans son essai autobiographique “De l’uniforme à la plume. Sur le terrain comme dans la vie”, Bèye écrit qu’il a servi successivement, la marine, la douane et le contrôle économique.

Dans ce livre, l’ancien agent de la marine, devenu président de la Fédération internationale des écrivains de langue française en 2007, donne un aperçu de son itinéraire “mouvementé et varié”, de son engagement littéraire, de ses origines et surtout, de l’attachement qu’il accorde aux valeurs morales.

»Aly Bèye, turbulent comme tu es, tu me tueras avant ta réussite dans la vie. Parce que tu seras quelqu’un dans la vie”, se souvenait l’auteur des prédications de sa grand-mère Fatou Sall Faye à l’endroit de son petit-fils lors de la présentation de l’ouvrage à sa sortie.

Il a suivi les conseils de son père qui a servi pendant 27 ans dans l’armée française, s’engageant ainsi comme lui dans la marine française, puis sénégalaise.

»J’ai dû faire un choix, car mes écrits commençaient à prendre beaucoup de place dans ma carrière dans l’armée », révèle celui qui a été président du conseil d’administration du théâtre national Daniel Sorano et dont la salle de conférence porte le nom.

“Cela a commencé à gêner un peu parce que j’étais invité souvent en Afrique et ailleurs et je n’avais pas cette liberté d’expression qui n’était pas permise dans l’armée, j’étais appelé à faire un choix alors que j’étais bien parti dans l’administration”, déclare-t-il dans la vidéo témoignage de la place du Souvenir africain.

L’auteur a été aussi footballeur à Toulon, en France, ainsi qu’à l’Asfa, l’équipe de l’armée sénégalaise.

Membre du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), il fut élu en 2005 président de l’AES, poste qu’il occupera jusqu’à son décès ce dimanche.


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