Tunisie: CHAN 2025 – Le faux procès

Alors que certains poussent pour un retrait de cette épreuve pour préserver leurs intérêts étroits, la solution de sagesse dicte de saisir cette belle opportunité pour entamer l’opération reconstruction de notre sélection A. On y verra plus clair ce jeudi.

Après avoir laissé entendre que la Tunisie serait bel et bien présente à la 8e édition du Championnat d’Afrique des Nations 2025 qui se déroulera conjointement dans trois pays ( Le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda ) du 1er au 25 février prochain, le Comité de normalisation provisoire de la FTF ( et principalement son président Kamel Idir ) a fait machine arrière après la campagne virulente dont il a fait l’objet et la pression énorme qui est en train de s’exercer sur lui pour renoncer à cette participation.

Motif du refus: un calendrier trop chargé pour certaines équipes qui ont d’autres challenges plus importants à relever comme la Coupe du monde des clubs, la Ligue des Champions ou la Coupe de la CAF. L’Espérance est montée la première au créneau, par l’intermédiaire notamment de son porte- parole Walid Guerfala qui n’a pas hésité à tirer à boulets rouges sur Kamel Idir, dénonçant « ses prises de décisions unilatérales, sans concertation avec les clubs et sans leur aval.»

D’autres clubs pensent tout bas ce que les responsables du club «Sang et Or» disent tout haut et vont peut-être (pas forcément pour les mêmes raisons) lui emboîter le pas et s’aligner sur sa position. Touché par ces attaques, le président du Comité de normalisation a remis le sujet de la participation au Chan sur la table et programmé une réunion avec les représentants des clubs ce jeudi 28 novembre pour en débattre de nouveau en même temps que sur le calendrier des matches de championnat établi en prévision de cette participation les clubs vont donc décider indirectement).

En affirmant que « rien n’a été encore décidé jusqu’à ce jour», Kamel Idir a pensé pouvoir calmer les esprits et souffler sur la braise pour éteindre le feu de ces critiques. Mais force est de dire que ce revirement l’a beaucoup affaibli aux yeux de l’opinion et a donné la fâcheuse impression que les clubs sont restés ou devenus plus forts que la Fédération à laquelle ils sont affiliés. Les couleurs des équipes sont-elles plus importantes que celles des couleurs de nos équipes nationales? Leurs intérêts sportifs et financiers sont-ils primordiaux à un point tel qu’on doit sacrifier la présence de notre sélection dans une épreuve à l’échelon continental, jugée de second plan?

Beaucoup à gagner et rien à perdre

Ce championnat d’Afrique des nations décalé pour l’année 2025, nous avons grand intérêt à y participer pour une simple et bonne raison. Cette épreuve tombe à pic pour nous et on ne peut que s’en réjouir plutôt que de se lamenter et de chercher à s’en débarrasser.

N’étant plus réservée aux joueurs locaux mais à tous les joueurs évoluant sur le sol africain, elle constituera un excellent test au moment où nous sommes devant l’obligation d’injecter un sang nouveau dans notre équipe A et de jouer à fond la carte jeunes pour rebâtir une nouvelle ossature de notre sélection pour la CAN 2025 et le Mondial 2026. Cette période de rodage et d’affûtage doit commencer avec une série de matches contre ces équipes africaines qui sont en train de gagner du chemin sur nous, voire de nous dépasser jusqu’à la menace de nous sortir dès les phases éliminatoires des phases finales dans les années à venir.

Surtout que le Chan 2025 sera une répétition qui ne pourra qu’être bénéfique pour la CAN 2027 qui se déroulera pour la première fois conjointement dans trois pays, les mêmes organisateurs du Chan. Rien que pour cette raison, nous avons donc intérêt à ne pas briller par notre absence et à consentir les plus gros sacrifices sportifs et financiers pour être présents.

La sélection est la première vitrine de notre football et les grandes performances et les précieux trophées, derrière lesquels courent nos clubs à l’échelon continental et international, n’ont jamais été le vrai tremplin pour arriver à avoir une grande équipe nationale. Nos clubs n’ont un oeil et la salive qui coule que sur le gain financier dans toute participation. L’équipe nationale n’a jamais leur tasse de thé, leur premier souci et, chose encore plus grave, elle est en train de devenir la dernière de leur préoccupation.

Quand on voit 50 mille spectateurs pour un derby en championnat ou pour un match en Ligue des Champions et une assistance aussi faible que celle au dernier match contre la Gambie, on se rend compte de ce fossé de plus en plus profond que nos clubs sont en train de creuser entre la sélection et son public. Si ça continue comme ça, si les clubs sont plus forts que la Fédération au point de dicter et d’imposer leurs propres intérêts aux dépens de l’intérêt national, eh bien on peut s’attendre à des lendemains qui déchantent et à enterrer tout espoir de voir notre sélection A faire peau neuve et revenir au top 30 du classement Fifa et le top 6 de celui de la CAF.

Lors de la réunion de jeudi, Kamel Idir doit taper du poing sur la table pour remettre les clubs à leur place et trancher pour lever les derniers doutes et aller dans le sens d’une participation qui ne peut que nous être bénéfique pour la reconstruction de la première vitrine de notre football.


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