Sénégal: Professeur Amadou Mahtar Mbow – Le parcours d’un homme universel
De 1921 à 2024, c’est à l’âge de 103 ans que le baobab de Louga s’en est allé. Ce fut un homme politique sénégalais aux multiples casquettes, plusieurs fois leader dans son pays et directeur général de l’UNESCO de 1974 à 1987. Alors qu’une pluie s’abattait sur Dakar et ses environs, c’est à ce moment que l’information tragique s’est répandue. Bien au-delà d’une nation en larme, c’est tout un continent qui est profondément affligé par son départ.
Celui qui était désigné comme un homme sérieux et travailleur a connu plusieurs vies. Selon les journaux sénégalais, son père était un notable musulman de la région de Louga, dans le Nord-ouest du pays, possédant la citoyenneté française, ce dernier fit partie de la délégation sénégalaise, qui se rendit à l’exposition universelle de Paris, en 1900, où il assista à l’inauguration du premier métro.
L’enfance du leader sénégalais
Il faut noter que la mère d’Amadou Mahtar Mbow était la troisième épouse de Fara Ndiaye Mbow et de trente ans sa cadette. Ngoné Cassé, accouche de son fils, le 20 mars 1921 à Dakar dans une des rares maternités qui existait à l’époque. C’est pourtant à Louga que grandit le jeune Amadou Mahtar Mbow dans un environnement rural qui éveillera sa sensibilité à la nature.
Entre 1930 et 1938, il rentre à l’école coloniale alors que depuis trois ans il fréquentait l’école coranique.
Inscrit au « cours commercial » à Dakar, une émanation de la chambre de commerce, pour être formé dans le domaine de la comptabilité.
Plus tard, il est lauréat du concours à l’administration coloniale. Il est alors affecté « au bureau du courrier du gouverneur de la circonspection de Dakar et dépendances ».
Il convient de souligner qu’Amadou a obtenu son baccalauréat en 1948 à Paris et s’est inscrit en licence d’histoire à la Sorbonne avec pour ambition de se préparer à la politique où il a fréquenté Abdoulaye Ly, et participé aux activités de l’Association des étudiants africains de Paris (APEAP), ce qui lui a valu le nom de « l’ancêtre de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France » (FEANF).
Ses activités politiques, de son pays à l’UNESCO
C’est en 1950 où l’indépendance se profile à l’horizon, que Mbow poursuit ses activités politiques. Vers 1955, il adhère au Bloc Démocratique Sénégalais (BDS), le parti de Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia, fondé en 1948, qui domine la vie politique sénégalaise en ayant éclipsé la SFIO de Lamine Guèye, depuis les élections législatives de 1951.
Dans le même sillage, il devient le représentant du groupe des États africains en 1970. Par conséquent, il contribua à établir les relations entre l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et l’UNESCO, ce qui conduit l’organisation internationale à adopter plusieurs résolutions affirmant son soutien aux différents mouvements de libération nationale agissant sur le continent africain.
C’est en 1974, que Mbow, soutenu par l’OUA, est nommé à la tête de l’UNESCO, en remplacement du français René Maheu. Il devient le premier représentant du « Tiers-monde » à accéder à de telles fonctions. Il réalise un deuxième mandat à la tête de l’UNESCO, jusqu’en 1987.
Amadou Mahtar Mbow un regret éternel
Cette nouvelle est arrivée au président sénégalais depuis New York où il participe à l’Assemblée Générale des Nations Unies, il s’est exprimé en disant : « C’est avec une profonde émotion que j’apprends la disparition du Professeur Amadou Mahtar Mbow, ancien Directeur général de l’UNESCO et un grand défenseur du multilatéralisme. »
« C’est un des patriarches de la Nation sénégalaise qui s’est éteint, en laissant un héritage inestimable, marqué par son combat pour une justice éducative et culturelle mondiale. Que sa sagesse et son engagement continuent d’inspirer l’Afrique et le monde. Paix à son âme. » Conclut le Président de la République S.E.M Bassirou Diomaye Faye via un post sur son compte X.
Un homme d’Etat, un Professeur émérite aux dimensions universelles s’en est allé laissant derrière lui un héritage riche en matière de connaissance et de sagesse qui pourrait inspirer la future génération africaine.
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