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Congo-Kinshasa: 25 ans de la MONUSCO – A Beni, un impact reconnu malgré les défis

La MONUC, devenue MONUSCO en juillet 2010, célèbre 25 années de présence en RDC ce 29 novembre. À Beni, divers acteurs locaux témoignent de l’impact de la Mission et des efforts déployés pour instaurer la paix.

Un quart de siècle consacré à la protection des civils, à la stabilisation et à la promotion de la paix. Dans le Grand Nord-Kivu, couvrant les territoires de Beni et Lubero ainsi que les villes de Beni et Butembo, les acteurs locaux saluent le rôle essentiel de la mission onusienne dans la pacification du pays.

Julie Nkuna Njila, présidente de l’ONG « Femmes Congolaises pour le Développement » (FECONDE), se souvient de la période où il n’était pas facile de voyager à l’intérieur du Congo à cause de la guerre qui faisait alors rage. « Je partirai de la MONUC qui a permis à ce que les élèves de mon époque aient leurs diplômes d’Etat. On était en pleine rébellion du RCD/Goma où on ne pouvait pas atteindre Kinshasa où se corrigent les examens d’Etat. C’est avec l’aide de la MONUC à l’époque qu’on pouvait relier Kinshasa à Bukavu. La cohésion que nous sommes en train de vivre et de prêcher c’est la MONUC qui nous l’a apprise. On a pu s’asseoir pour les compositions, toutes ethnies confondues, jeunes Banyamulenge, jeunes du Sud-Kivu et autres ».

Selon elle, ceux qui disent que la MONUSCO n’a rien fait, n’ont qu’à vérifier leur environnement. « La MONUSCO a appuyé la Police congolaise dont nous avons besoin à chaque instant ; elle accompagne les associations féminines en argent, en conseils et en formations. Beaucoup de leaders sont parvenus à atteindre les sphères de décideurs en passant par la MONUSCO », ajoute Mme Njila.

Pour sa part, Diane Tudy Ntumba, coordonnatrice de la plateforme féminine « Femmes citoyennes engagées de Beni », reconnaît ce que la MONUSCO a fait : « Il y a des salles construites par la MONUSCO, des véhicules donnés par la MONUSCO, il y a des formations, il y a des vols que nous demandons et nous voyageons sans problème pour aller en mission. Il y a des échanges d’expériences entre femmes par la facilitation de la MONUSCO ; personnellement, j’ai bénéficié de formation grâce à la MONUSCO ».

Rétablissement de la paix

À 25 km de Beni, dans le secteur de Ruwenzori, les populations reconnaissent le rôle de la MONUSCO dans le rétablissement de la paix. À Kilya, autrefois cible des rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF), la situation s’est stabilisée depuis l’installation, il y a trois ans, d’une base militaire de la Mission.

« Depuis l’arrivée de la MONUSCO ici à Kilya, la situation sécuritaire est très calme. Avant, c’était grave parce que les rebelles attaquaient n’importe quand. Pour que la MONUSCO parte, il faut d’abord que le gouvernement nous rassure sur la situation sécuritaire. Nous voulons seulement rester ici, parce que la population qui avait fui est retournée et commence à bien se réinstaller », estime Sawasawa Paluku, président de la société civile de Kilya.

Plus loin, dans le village de Samboko, à une soixantaine de kilomètres de la ville de Beni, nombreux sont ceux qui reconnaissent l’impact de la présence de la MONUSCO. Cette localité renaît, malgré les défis persistants. Ce renouveau est le résultat d’une étroite collaboration entre les FARDC et la MONUSCO qui a permis le retour des habitants dans cette région, autrefois sous le contrôle des rebelles des ADF. Les habitants, qui avaient fui la zone en 2018, y sont retournés il y a deux ans et les activités socio-économiques se déroulent désormais normalement, même tard dans la nuit, grâce aux lampadaires installés par la MONUSCO.

« Avant, nous vivions beaucoup plus de peur dans ce village à cause des rebelles ADF qui attaquaient régulièrement. C’est grâce à ces lampadaires que l’on peut apercevoir quelqu’un et on peut facilement l’identifier. Et même les femmes commerçantes étalent leurs articles même jusque 18 heures, voire 19 heures », indique Gustave Mbusa Mutsunga, président de la société civile locale.

Soutien aux processus électoraux et à la lutte contre la désinformation

Au-delà de ses opérations militaires, la MONUSCO a marqué l’histoire de la République démocratique du Congo en jouant un rôle central dans l’appui au processus électoral. Son soutien constant aux cycles électoraux successifs et au renforcement des capacités des Forces armées de la RDC (FARDC) s’est accompagné d’une promotion active des droits humains, y compris ceux des personnes vivant avec handicap.

La Mission a par ailleurs joué un rôle important dans la lutte contre la désinformation et les discours de haine à travers des campagnes de sensibilisation et des formations. La MONUSCO a contribué à réduire l’impact de ces fléaux, qui alimentent l’insécurité dans une région marquée par des conflits armés depuis plus d’une décennie.

« Grâce aux activités organisées par la MONUSCO, on constate aujourd’hui un changement sur les réseaux sociaux. De plus en plus de personnes réfutent les messages haineux et leurs auteurs manquent désormais d’arguments pour les défendre », soutient Benjamin Asimoni, point focal de la Coalition Jeunesse-Paix-Sécurité à Beni.

Pour Samuel Sekanabo, président du Conseil urbain de la jeunesse de Beni, l’impact des sensibilisations menées par la MONUSCO sur le terrain est réel : « La MONUSCO a organisé des descentes pour sensibiliser les habitants, même ceux qui ignoraient tout de la désinformation. Nous remercions vivement cette Mission pour son soutien dans cette lutte ».

Dieubon Mugheze, journaliste à Beni, a participé aux formations organisées par la MONUSCO à l’intention des professionnels des médias, notamment dans le cadre de la lutte contre la désinformation, alors que la région du Grand Nord-Kivu faisait face à des manifestations de grande ampleur. « Ces formations sont arrivées à un moment où la désinformation exacerbait la situation dans la région. Depuis, les journalistes sont mieux outillés pour mener cette lutte », explique-t-il en ajoutant que, depuis, les rapports entre la MONUSCO et certaines couches sociales sont plus apaisés.

À Lubero, où la MONUSCO a longtemps maintenu une présence, de nombreux habitants expriment également leur reconnaissance pour le travail accompli par la Mission. Certains rappellent que cette dernière y a construit, entre autres, un local pour le Parquet, un bureau de police, des espaces de dialogue, ainsi qu’un marché local. Tafuteni Kakule Walyirwe, président de la société civile locale, rappelle que ces projets – notamment le marché – rendent service à la population : « Nous vivons dans une zone où il pleut souvent, et les femmes dépendent grandement des activités du marché. Avant, chaque pluie causait des problèmes. Aujourd’hui, c’est un véritable soulagement à ce niveau ».

Le soutien de la MONUSCO à l’administration pénitentiaire dans la ville de Beni participe aussi à son bon fonctionnement et a permis la construction d’un dispensaire dans l’enceinte de la maison carcérale pour une meilleure prise en charge médicale des détenus. Il y a aussi eu l’aménagement d’un potager au sein de la prison où on cultive du maïs, du manioc, de la patate douce, de la pomme de terre et du chou. Ce qui assure une certaine autosuffisance alimentaire aux détenus.

Des mécanismes d’alerte précoces efficaces

Les mécanismes d’alerte précoces mis en place par la MONUSCO pour lutter contre l’insécurité et les groupes armés sont généralement bien accueillis par les populations. Les organisations et associations des jeunes saluent l’appui de la MONUSCO dans la sécurisation de la ville par ce système d’alerte précoce. Des numéros verts, mis à la disposition de la Police nationale congolaise, permettent aux habitants d’appeler gratuitement les forces de sécurité pour signaler une attaque, un cambriolage ou des mouvements suspects dans la communauté.

Pour les Jeunes Patriotes Consolidateurs de la Paix (JPCP), une structure locale d’encadrement des jeunes, cet appui de la MONUSCO doit être capitalisé, voire élargi, et appuyé par les autorités. « Cet appui de la MONUSCO est considérable. Ce numéro vert est très sollicité et ne parvient pas à couvrir totalement les communications des alertes précoces, surtout la nuit. Donc, c’est un appui qui vaut son pesant d’or », reconnaît Benjamin Asimoni, coordonnateur des JPCP.


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