Burkina Faso: Le HCR aide des femmes à renaître de l’adversité dans une crise humanitaire sans précédent
Mamounata Sawadogo, 29 ans, est mère de quatre enfants et fait partie d’une famille de dix personnes. Originaire de Guemssogo, un village autrefois paisible, elle a été contrainte de fuir après une attaque meurtrière qui a dévasté sa communauté. « Les frères de mon père ont été tués lors d’une attaque. Nous avons dû abandonner tous nos biens et fuir vers Dablo », se souvient Mamounata, visiblement encore sous le choc, six ans après. « Arrivés à Dablo, nous avons subi une autre attaque, et plusieurs personnes ont été tuées sous nos yeux », raconte-t-elle, la voix tremblante d’émotion. Dans ce climat de terreur, sa famille a poursuivi son périple jusqu’à Barsalogho, avant d’atteindre Kaya, après plusieurs jours de marche où certains ont perdu la vie à cause de la faim, de la soif ou de l’épuisement. Cette tragédie, survenue début 2018, a profondément bouleversé son existence.
Depuis leur arrivée en 2018, Mamounata et sa famille vivent sur le site communal de Kaya, un refuge temporaire pour personnes déplacées. Mais son coeur reste ancré à Guemssogo. Dès son installation à Kaya, elle a affronté de nombreux défis pour assurer la survie de ses enfants : l’accès à l’eau potable, à des abris sécurisés, à la nourriture et à l’éclairage était quasi inexistant. Ces conditions de vie précaires accentuent la vulnérabilité des femmes et des enfants, qui représentent environ 52,75 % des personnes déplacées internes selon les statistiques du CONASUR au 31 mars 2023.
Au Burkina Faso, 20 % des incidents de protection rapportés au cours du second trimestre 2024 sont liés à des violences basées sur le genre (VBG), survenant souvent lors de la collecte du bois de chauffe ou de la recherche de feuilles pour cuisiner. « Malheureusement, les femmes déplacées internes, malgré les risques, se voient souvent contraintes de collecter du bois, une activité qui, au-delà des dangers pour leur sécurité, crée des tensions avec les communautés hôtes », regrette Madame Coulibaly.
Mamounata témoigne de cette réalité quotidienne : « Quand nous allions chercher du bois en brousse, nous étions souvent battues par des hommes armés. Certaines femmes parmi nous ont été violées. » Ces absences fréquentes pour collecter du bois provoquaient également des tensions avec son époux. Parfois, lorsqu’elle revenait sans bois, elle utilisait des pneus brûlés pour cuisiner, ignorant les dangers pour la santé et l’environnement.
En octobre 2024, la situation de Mamounata a changé grâce au HCR et ses partenaires, qui lui ont fourni un kit comprenant une bouteille de gaz, un foyer et un brûleur. « Je suis heureuse, car grâce à ce kit, je n’irai plus en brousse où l’insécurité règne. Je ne serai plus battue et je suis à l’abri des agressions », confie-t-elle, soulagée. Ce kit lui permet de préparer des repas sains pour sa famille. Parfois, elle partage même sa bouteille de gaz avec d’autres femmes vulnérables du site, renforçant ainsi la solidarité.
En cuisinant au gaz, Mamounata consacre moins de temps aux tâches domestiques, ce qui lui a permis de lancer une petite activité génératrice de revenus. Elle vend désormais des beignets et des repas, ce qui lui procure des revenus suffisants pour subvenir aux besoins de sa famille, acheter de l’eau et de la nourriture, et recharger sa bouteille de gaz.
Aujourd’hui, Mamounata ressent un profond soulagement et exprime sa gratitude envers le HCR et son partenaire Bon Samaritain : « Je remercie le HCR et ses partenaires. J’espère que toutes les familles déplacées pourront bénéficier du même appui pour ne plus risquer leur vie en brousse. »
À Kaya, dans la région du Centre-Nord, ainsi que dans d’autres régions du pays, 999 ménages ont bénéficié de cet appui grâce à la contribution du Fonds Central pour les Interventions d’Urgence (CERF). « Fournir du gaz aux ménages déplacés de force, c’est pour nous une stratégie opérationnelle visant à réduire les risques de violences basées sur le genre, à protéger l’environnement en limitant la coupe de bois et à renforcer la cohésion sociale entre communautés déplacées et hôtes », explique Maurice Azonnankpo, Représentant du HCR au Burkina Faso.
Le parcours de Mamounata témoigne de la résilience face à l’adversité. Avec le soutien du HCR et ses partenaires, elle a trouvé des solutions pour se réinventer et reconstruire sa vie, incarnant l’espoir et la détermination de milliers de femmes déplacées en quête de dignité et de sécurité.
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