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Afrique du Sud: Ramaphosa dans la tourmente

C’est une sombre affaire qui empoisonne l’existence du Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, si elle n’a pas failli compromettre sa réélection en juin 2024. Accusé de n’avoir pas déclaré à la police ni au fisc, le vol de la somme de 580 000 dollars dans sa ferme dénommée « Phala-Phala », en juin 2022, cet homme politique et opérateur économique de 72 ans est au coeur de la tourmente.

Ce cambriolage serait passé inaperçu si l’ancien chef de l’espionnage, Arthur Fraser, n’avait pas porté plainte contre le chef de l’Etat sud-africain, en vertu de la loi sur la prévention du crime organisé. Le plaignant, qui accuse également le Président Ramaphosa d’avoir organisé le kidnapping des voleurs pour acheter leur silence dans le but de faire taire l’affaire, n’a pas encore eu gain de cause.

Le parquet de la province du Limpopo a décidé de ne pas engager de poursuites contre le chef de l’Etat sud-africain, soupçonné de blanchiment d’argent et de corruption. Pour ne rien arranger, le Parlement sud-africain a aussi rejeté un rapport d’une commission indépendante, qui a suggéré que Ramaphosa devrait faire face à une enquête de destitution. Mais, les partis de l’opposition qui ne veulent pas que cette affaire soit enterrée aussi facilement ont introduit un recours auprès de la Haute cour de justice, appelée à trancher avec la lenteur qu’on lui connait.

Aussi ont-ils donné de la voix en ce début de semaine pour exiger l’ouverture d’une enquête approfondie, tout en menaçant de destituer Ramaphosa. Le président sud-africain traine cette ténébreuse affaire comme un boulet au pied, qu’il faille tirer au clair. Cette figure de premier plan du parti dominant, le Congrès national africain (ANC) a beau nié toute malversation, clamant que la somme subtilisée provient de la vente de buffles de sa ferme, son argument ne semble pas convaincre grand-monde au sein de la Nation arc-en-ciel.

Ce dossier renferme de zones d’ombre à éclaircir, malgré les explications fournies çà et là et l’absence de poursuites judiciaires pour le moment. Que faisait un tel montant en liquide dans la propriété de Ramaphosa ? Pourquoi subir un tel préjudice et se taire ? Pour une personnalité de sa trempe, l’attitude du chef de l’Etat sud-africain, dont la réputation est écornée à bien des égards, intrigue. C’est bien pour cette raison que l’opposition maintient la pression pour connaitre la vérité, ce qui constitue une menace pour Ramaphosa.

Il ne faut pas prendre l’action des opposants à la légère, vu la nouvelle donne politique. Si l’ANC n’avait pas perdu la majorité absolue au Parlement, au point de devoir faire une alliance avec l’opposition pour garder le pouvoir, on allait penser autrement. Tout comme son parti qui a perdu de sa superbe, Ramaphosa est dans une situation très délicate. Le souhait est qu’il ne connaisse pas le même sort que son prédécesseur Jacob Zuma. Empêtré dans plusieurs scandales de corruption et de moeurs qui lui ont valu plusieurs tentatives de destitution, l’ex-président avait été contraint par les siens à jeter l’éponge. Il a d’ailleurs été définitivement exclu de l’ANC, il y a quelques semaines. Ramaphosa marche sur des oeufs et il le sait mieux que quiconque…


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