Afrique Centrale: Au Cameroun, de réfugiés fuient les violences de Boko Haram
Parmi eux, des femmes comme Haoua. Originaire de Banki, dans le nord du Nigeria, cette dame de 39 ans a perdu tout ce qu’elle avait.
Banki, ville frontalière avec le Nigeria : la tension est encore présente. Les militaires sont en constante alerte. Les islamistes continuent de semer la terreur dans la région. Haoua en est l’une des victimes.
“Ce sont mes enfants, ils sont dix au total. Deux d’entre eux sont mes petits-enfants. Leur père a été tué par Boko Haram. Mon mari a aussi été arrêté pour vol. Maintenant, je suis seule avec ces enfants”, dit Haoua.
“Je n’ai personne pour m’aider”
Cela va faire un an déjà que Haoua, 39 ans, est arrivée à Maroua, dans le quartier Wourné. La jeune femme a tout perdu : son mari, sa maison, ses biens. Elle a fui son village pour sauver sa vie et celle de ses enfants. Mais aujourd’hui, elle se retrouve sans ressources et sans soutien.
“Les enfants ne vont pas à l’école, je n’ai pas d’argent pour payer leur école et mon mari, qui est emprisonné, je ne sais même pas où il est. Et ça fait pratiquement quatre jours que les enfants et moi n’avons pas mangé. Quand je fais la mendiante dans les rues, on me chasse. Les autorités ont interdit cela à cause de l’histoire de Boko Haram qui fait des ravages.”
Le logement est également un défi permanent pour Haoua et ses dix enfants. Ceux-ci vivent dans une petite case. Ils n’ont pas de literie et dorment à même le sol. Malgré cela, Haoua est menacée d’expulsion par le propriétaire des lieux.
Pour gagner un peu d’argent et nourrir ses enfants, Haoua travaille comme blanchisseuse chez des particuliers.
“Je fais du porte à porte dans plusieurs maisons pour pouvoir faire le ménage et laver les habits pour au moins 100 francs ou 200 francs et nourrir mes enfants. Je suis dans une situation très misérable qui me dépasse et je n’ai personne pour m’aider.”
Les femmes grandes victimes des violences
Depuis 2013, début des attaques de la secte Boko Haram dans cette partie du Cameroun, les femmes et les enfants payent un lourd tribut.
Ces crises multiples, dans l’Extrême Nord et dans les régions anglophones, ont fait que le pays compte un million de déplacés internes, selon le Bureau des Nations unies de la coordination des affaires humanitaires.
Plus de 60% de ces personnes déplacées à l’intérieur du pays sont par ailleurs des femmes, selon Onu-femmes Cameroun.
Marie Pierre Raky Chaupin, représentante résidente de l’institution onusienne, déplore le manque de ressources.
“Nous avons une composante Femmes, paix et sécurité qui s’adresse aux femmes impactées par la crise. Malheureusement, les moyens dont nous disposons ne suffisent pas à adresser la réponse globale. Mais nous travaillons aussi en partenariat avec les agences, dont le mandat principal est de travailler à accompagner les réfugiés, notamment le HCR.”
La même difficulté s’est posée il y a quelques mois avec le Programme alimentaire mondial et l’Agence des Nations unies pour les réfugiés qui ont mis en garde contre le risque d’interruption de l’assistance alimentaire vitale aux réfugiés dans les régions de l’Extrême-Nord du Cameroun, en raison du déficit de financement.
En attendant, les perspectives futures semblent incertaines, avec Boko Haram qui poursuit ses incursions meurtrières au Cameroun.
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