Sénégal: Année universitaire 2024-2025 – Une stabilisation à rude épreuve
Entre alerte de syndicalistes, menaces d’étudiants et grève d’enseignants vacataires, la rentrée universitaire démarre sous hypothèque. Ce, alors que la stabilisation de l’année universitaire demeure une priorité pour les nouvelles autorités.
Depuis sa prise de fonction en tant que ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Dr Abdourahmane Diouf a fait montre de détermination pour la stabilisation de l’année universitaire. Pour cause, depuis une dizaine d’années, le calendrier académique au niveau de l’enseignement supérieur est complètement déréglé en raison des grèves des divers démembrements de la communauté universitaire, de la massification notamment à l’Ucad, des problèmes d’infrastructures, des facteurs politiques. Ce qui compromettait le bon déroulement des enseignements et avait un impact financier.
Lors du séminaire sur la stabilisation de l’année universitaire organisé à Saly en juin dernier qui a réuni les acteurs-clés de l’enseignement supérieur, sept mesures ont été prises. «Les bacheliers de cette année pourront s’inscrire dès le 21 octobre 2024, correspondant au troisième lundi du mois d’octobre. […] Les étudiants de 2022-2023 commenceront dès le 1-er juillet, tandis que ceux de 2023-2024 débuteront au plus tard le 25 février 2025 », avait fait savoir Dr Abdourahmane Diouf. Il s’est ainsi fixé un délai de 16 mois pour stabiliser l’année universitaire au vu de différents défis notamment la finalisation des infrastructures, le recrutement d’enseignants entre autres.
En effet, l’ouverture du campus social de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar est fixée au 19 octobre prochain mais la rentrée universitaire risque de connaitre quelques difficultés. L’Intersyndicale du Centre des oeuvres universitaires de Dakar (Coud) sonne déjà l’alerte. En conférence de presse avant-hier, jeudi 10 octobre, elle a dénoncé le déficit budgétaire de 10 milliards et annoncé des difficultés au sein du campus social.
« Nous devons donc à la vérité de dire que nous allons vers des difficultés car les repreneurs menacent d’arrêter les prestations à cause de la dette qui leur est due. La plupart des hôpitaux ont bloqué les travailleurs du Coud à cause de la dette qui leur est due et pour rappel, les évènements du 1er juin 2023 ont causé l’incendie de tous les bus de transport du personnel du Coud, des véhicules des agents, le saccage de nos locaux et de notre outil de travail », a-t-elle fait savoir.
A l’université Gaston Berger de Saint-Louis, la rentrée devrait avoir lieu le 1er octobre dernier. La Coordination des étudiants de Saint-Louis qui avait demandé aux étudiants de rester che eux, avait fini par suspendre son mot d’ordre après une rencontre avec les autorités. « Ce jeudi 3 octobre 2024, la CESL a rencontré les autorités du MESRI qui, sur des bases solides et preuves à l’appui, nous ont confirmé le démarrage des travaux du chapiteau du restaurant N°2 ainsi que la plateforme du village O d’ici la semaine prochaine. Compte tenu de ces nouveaux engagements clairs et précis en plus des avancées majeures notées sur la question cruciale de l’assainissement qui causait énormément de soucis aux étudiants, la Coordination des Étudiants de Saint-Louis en toute responsabilité a décidé de suspendre son mot d’ordre.
Ainsi, les activités pédagogiques reprendront le lundi 7 octobre 2024. Nous accordons ainsi un délai de trois semaines aux autorités pour le démarrage effectif des travaux annoncés », lit-on dans un communiqué. La même source ajoute : « En cas de non-respect des délais fixés, la Coordination des Etudiants de Saint-Louis ne lésinera sur aucun moyen à faire appel à son arsenal syndical afin de rétablir l’étudiant dans ses droits les plus absolus et toute conséquence qui en découlera de cette situation sera sous leur entière responsabilité ».
A l’Université Alioune Diop de Bambey, des perturbations sont déjà notées avec une grève de 72heures des enseignants vacataires à compter du mardi 8 octobre 2024. Ils dénoncent le non-paiement des salaires et les lenteurs dans le traitement des heures de vacation. Ils exigent également une meilleure prise en charge du retard de trois semestres dans le paiement des heures de vacation et l’arrêt de la réduction des heures de vacation.
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